Michel DUCROUX

Un jour, face au Mont-Blanc…

Mes sincères condoléances.
Reposes en Paix Michel

Pratiquement 20 ans d amitié,
Jamais je ne t oublierai.
Que les Hirondelles t accompagnent dans ton dernier voyage.

Salut Ppa

On ne peut pas dire que les débuts ont été simples, entre toi et moi, comme la situation qui ne l’était pas non plus… 2 femmes, pourquoi pas… Mais 2 filles à 3 mois d’écart, pour un jeune homme de 30 ans, c’était un vrai cadeau empoisonné !

Puis, il y a eu quelques hauts, et puis des bas, des moments sympas, d’autres moins, de longues périodes de silence nécessaires… Et puis des moments très doux, des moments très drôles aussi…

Je regrette, Papa, le soin que vous avez pris, toi et Patou, à vous dénigrer l’un et l’autre pendant presque 40 ans. Cela ne nous a pas permis de vous aimer en toute liberté, pleinement, devant l’un et devant l’autre. C’est resté, pour Gée et moi, une plaie béante qui ne s’est jamais refermée, en tout cas pas pour moi…

J’ai appris avec le temps à me méfier de tes excès. J’ai appris à me protéger de tes maladresses… J’ai appris à fuir tes colères et tes caprices. J’ai appris à me protéger de tes inconstances et de tes irrégularités… Mais cela ne m’a pas empêché de t’observer… Parfois de loin… Parfois de près…

Et je profite de cet instant, là, maintenant, pour oser te dire ce qui n’a pas été avoué par pudeur ou par peur de trop donner et de me perdre…

Mais… J’ai aimé de toi ta capacité à dire je t’aime… Tu avais appris à le formuler aussi souvent que possible. J’aurais aimé être capable de cela.

J’ai aimé ta capacité à faire preuve de tendresse au fil des années… J’aurais aimé être capable de cela.

J’ai aimé de toi ton incapacité à faire preuve de violence physique : jamais tu n’as levé la main sur l’une d’entre
nous. C’est un constat précieux qu’il est important de souligner !

J’ai aimé de toi ton amour pour la nature et ta capacité à parler aux arbres… Ton côté perché, en quelques sortes… J’ai donc aimé de toi ta sensibilité parce qu’elle était bien réelle…

J’ai aimé de toi la fierté que tu nous portais, même si elle était parfois plus pour l’une, ou plus pour l’autre… Sans doute parce que c’est ainsi qu’on vous l’avait appris. Cultiver la différence et ne pas avoir les bras suffisamment grands pour une récolte commune…

J’ai aimé de toi ces fois où tu as été capable de te comporter en héros. Et ces moments-là existent…

Je te revois, à plusieurs reprises, traverser Verjon en courant, suivant le lit de la rivière pour récupérer un ballon tombé à l’eau. Le plus étonnant est que tu y parvenais toujours. Je me demande à quel point ce n’était pas devenu un jeu de ma part…

Je te revois courir furieux jusqu’à la vogue pour casser la figure d’un homme qui m’avait blessé la joue avec un parapluie pour faire le malin devant ses copains. Dans ta colère, tu as même failli t’en prendre à un autre. Tu as exigé des excuses publiques que j’ai obtenues… Tu as eu l’humilité de me confier en rentrant que tu aurais été bien embêté s’il n’avait pas obtempéré. Ce jour-là, malgré mon très jeune âge, j’ai aimé cet aveu et cette sincérité de toi. Je crois que tout ça, c’était de l’amour déguisé.

J’ai aimé toutes ces fois où tu as eu peur pour ma vie : une chute par ci, une autre par là, un accident de mobylette... Les hôpitaux tard dans la nuit… J’ai vite réalisé que mes déboires étaient couronnés de succès et que j’obtenais alors toute ton affection et ton attention… J’étais donc devenue experte en gamelles…

J’ai aimé ton goût pour le sport. Ce n’est probablement pas par hasard que je touchais à tout, suscitant alors toute ton admiration face à mes performances.

J’ai aimé de toi la passion de ton métier, ta rigueur et le respect de tes employés. Je te revois t’opposer à mon patron quand j’étais apprentie parce que tu avais considéré avec justesse qu’il abusait de mon statut. Tu aimais le travail mais tu n’aurais pas accepté qu’on s’en prenne à tes filles. Dans ce cas-là, tu savais être juste. Pour toi, il n’y avait pas de sot métier… Je sais que tu étais fier de nos parcours professionnels. Du moment que nous étions heureuses dans ce que nous faisions, tu l’étais aussi. Et je sais que c’était sincère pour chacune de nous…

J’ai aimé de toi ta coquetterie et le soin que tu portais à ton image. Bien qu’extrêmement choquée et meurtrie par la façon dont tu es parti, je me dis que finalement, tu nous as fait un joli pied de nez… Tu n’aurais pas aimé être vu après ta mort… Et bien, chapeau l’artiste… Tu as réussi ton coup !

J’ai aimé de toi les années 2010 : nos balades à Saint Mandrier, les grenouilles près de Verjon, nos restos à Sallanches. A l’aube de tes 70 ans, il y avait chez toi une sérénité nouvelle et un regard plus tolérant sur le monde… J’ai aimé de toi les efforts et les progrès que tu avais fait pour mieux écouter et pour mieux te soucier de l’autre… Il y avait un sacré chantier et je pense que tu y étais quand même un peu parvenu. A cette période, j’ai particulièrement aimé la douceur de ton regard, ton calme et tes attentions bienveillantes… Tu étais presque devenu sage. Alors tant pis si ça n’a pas duré…

Et puis voila, une vie passe et tout est fini. Mais je tiens aussi à te dire merci.

Merci papa, d’être parti si vite, sans souffrance, sans dépendance… Même si c’est brutal, même si c’est trop soudain, et même si tu n’avais pas très envie… J’essaye de le vivre comme un cadeau… Tu nous as épargné du pire et ça n’a pas de prix. Je ne pense pas que j’aurais été capable de m’occuper de toi. Alors merci papa. Merci à mes sœurs pour le travail qu’elles avaient déjà commencé pour te venir en aide…

J’ose imaginer que tu n’as pas souffert, que tu t’es à peine senti partir, que tu as glissé tout en douceur… Toi qui avais si peur de mourir. J’espère cela, Papa.

Mon seul regret est peut être de ne pas t’avoir dit que malgré tout ce que l’on a essayé de me faire croire, je n’ai jamais douté un instant de ton amour pour moi. Me l’exprimer n’était peut être pas simple, me le prouver, pas toujours évident… Mais cela n’empêche pas l’amour. Et tu avais réussi à faire de ton mieux avec le temps.

Je t’ai cherché souvent Papa, je ne t’ai pas toujours trouvé, mais ça n’empêche pas l’amour. Garder ses distances parce qu’on a la frousse, ça n’empêche pas l’amour.

Alors prends soin de toi, Papa. Essaye d’être plus heureux, là où tu es, qu’ici. Je souhaite pour toi toute la douceur du Monde. Je t’aime.

Cathy

À mon cousin, le germain

Michel est mon cousin. Pas n’importe lequel, un germain.
Ce mot signifie « proche par le sang ». En l’occurrence, nous partageons les mêmes grands-parents.
Il pourrait sembler étrange d’en parler au présent, mais le passé est encore trop présent pour s’écrire.

Notre différence d’âge a fait que se rencontrer était compliqué, jamais vraiment en phase.
Moi, gamin, lui adolescent.
Moi, adolescent, lui déjà adulte, marié, papa.
Moi, adulte à mon tour, marié, papa, pris dans la construction d’une vie, d’une carrière.

Je ne cherche pas d’excuse au fait que nous n’ayons pas cherché à nous voir plus souvent.
Nous savions que nous étions cousins germains, et, semble-t-il, cela nous suffisait, sans jamais nous en plaindre.
Mais pour s’en plaindre, encore aurait-il fallu se voir pour se le dire.

J’assume que, dans ce texte, le regret soit présent.

Michel, je suis croyant. J’espère qu’après, il y a quelque chose.
Quoi, je ne sais pas.
Mais j’aime à penser que tu retrouveras Hida, Maurice, ma mère, mon père que tu aimais beaucoup,
et notre grand-mère.

L’idée de « redevenir sable », comme le dit notre Bible, me déplaît.
Je préfère croire que ton âme poursuit sa route ailleurs, paisible.

Et sache que, malgré le peu de fois où nos chemins se sont croisés,
je sais que tu resteras le germain,
celui du sang, tout simplement.

Fasse que le souvenir soit plus présent que l’absence de s’être vus.

Amitiés sincères en ce moment douloureux

Absent pour l’accompagnement du dernier voyage de votre papa, « mon beau papa », je serai présent par la pensée en vous assurant de toute mon affection.
Que son âme repose en paix après cette belle cérémonie, entouré des siens.
Je vous embrasse
Avec toute mon affection
Bassam

« Il y a quelque chose de plus fort que la mort, c’est la présence des absents, dans la mémoire des vivants. »
Jean d’Ormesson.
Dans cette épreuve difficile qu’est le départ d’un être aussi cher qu’un père, toutes nos pensées t’accompagnent Cath ainsi que Sandrine, Géraldine et tous vos proches.
Affectueusement,
Valérie et sa famille.